Demande d’AOC en Blanc

AOC BOURGOGNE Côtes du Couchois

Projet d’extension aux vins blancs

La mise en valeur d’une appellation nécessite, outre l’évidente qualité de ses produits, un ensemble de critères lui permettant de couvrir un segment de marché et d’assurer à ses producteurs une réelle rentabilité et donc une réelle motivation.

La notion de gamme et notamment la possibilité d’offrir une déclinaison de vins rouges et blancs est un atout certain à la promotion de l’appellation dans son ensemble.

HISTORIQUE

Aux travers des siècles

AU TEMPS D’EUMENE

Eumène d’Autun, peu avant sa mort en 311, est le rédacteur du panégyrique à l’empereur Constantin. Le chapitre ci-après, issu de ce rapport et traduit par Roger Dion en 1951 nous révèle de précieuses informations :

Les habitants d’Autun, avaient sur ceux de Langres, l’avantage d’être plus rapprochés de la Côte de Bourgogne qui, sur une longueur de 70km environ, depuis Nuits et Beaune jusqu’à Givry et Saint-Gengoux, se déploie à moins de 50km de leur ville. Avant la fin du IIIème siècle, ils avaient réussi à aménager sur cette Côte un vignoble que le panégyrique à l’empereur Constantin, vers 311, représente comme une création remarquable (perspicua), objet d’admiration (mirantur) et d’envie (invidia). Il s’en fallait de beaucoup cependant que ces vignes chères à leur cœur ne s’étendissent à toute la partie de la Côte la plus proche d’Autun. Elles en occupaient seulement la moitié septentrionale au Nord de la Dheune. Non qu’au sud de cette rivière, la Côte fût moins facilement accessible ni moins propice au vignoble. Mais dans cette direction, les entreprises autunoises étaient contrariées par les ambitions d’une autre ville, considérable elle aussi, et dotée d’un port fluvial, avantage précieux, que la nature refusait à Autun, c’était Cabillonum (Chalon sur Saône).

A l’évidence, et comme le démontre également la carte issue du livre de Roger Dion, nous pouvons tirer trois enseignements importants de ce passage :

  • La Côte, telle que décrite, s’étend au nord de la Dheune et il convient de constater que c’est également le cas des Côtes du Couchois (cercle rouge sur la carte).
  • La Côte, malgré les efforts de rapprochement d’Autun se limite à la moitié nord car le sud est fortement concurrencé par Chalon. De facto, les Côtes du Couchois sont la partie de la Côte la plus proche d’Autun et donc très probablement la zone de limite de culture.
  • La Côte des grands crus, toujours selon la carte, s’appuie sur la zone de calcaire jurassique puis disparait avec les roches primaires. Nous nous efforcerons de démontrer, grâce à l’étude géologique des sols, que les Côtes du Couchois se situent bien en cette limite rattachant de manière historique et géologique les Côtes du Couchois à la dernière zone de culture de l’actuelle Côte de Beaune en direction du bassin autunois et ce, sur un sol spécifique aux Côtes du Couchois.

AU MOYEN AGE

La limite des diocèses

L’impact des moines sur le vignoble est incontestable tout comme il est incontestable de prendre en compte les limites des diocèses médiévaux d’Autun et de Chalon-sur-Saône qui séparent très clairement la Côte incluant les Côtes du Couchois de la Côte incluant la Côte Chalonnaise.

La proximité des Côtes du Couchois à l’actuelle Côte de Beaune n’est donc pas seulement historique et géologique, elle est également spirituelle. A ce sujet, les cures de Volnay et de Saint-Sernin (Côtes du Couchois) sont très probablement l’œuvre des abbesses de Saint-Andoche.

 

AU DEBUT DU XXEME SIECLE

La production locale

La présente démonstration n’a par contre de sens que dans la mesure où il est possible de garantir qu’il y a bien historiquement production de vin dans cette région de la Côte qui deviendra par la suite les Côtes du Couchois.

Les terriers du château de Couches attestent d’une production et d’un commerce de vin depuis plus de quatre siècles et ceux des réserves du musée de Dijon datant du XVème siècle le confirme. Pour autant, la nature du raisin n’étant pas consignée, la production de vin blanc n’est pas démontrable, la preuve la plus ancienne est sans doute le livre de cave des Vignes Martin à Saint-Sernin du Plain où il est fait état de plantation de Gamay Blanc fin 1899 (extrait ci-après) :

ETAT DES LIEUX

LA SITUATION ACTUELLE

LA FILIERE

La filière des Côtes du Couchois est une filière mettant en œuvre un ensemble d’acteurs produisant majoritairement du vin à destination de la vente en vrac (principalement aux négoces beaunois) et dans une plus faible proportion, la production de bouteilles.

Seul un nombre très limité d’acteurs produit du raisin pour la vente.

Il est à noter que les surfaces sont de plus en plus exploitées pour la production de Crémant de Bourgogne au détriment des petites exploitations productrices de vins tranquilles.

L’objectif de la démarche est donc de favoriser le maintien et le développement des domaines par la valorisation et la visibilité du produit.

LES HOMMES

La filière est en difficulté et il est à noter que le nombre d’acteurs depuis la reconnaissance de la dénomination géographique complémentaire s’est réduit de plus de la moitié. Certains exploitants, par manque de visibilité et d’absence de gamme s’orientent vers des cultures plus rémunératrices dans l’immédiat mais qu’en sera-t-il à long terme ?

L’AOC Bourgogne Côtes du Couchois ne rentre pas dans la stratégie de marché des grands négoces et même le principal négoce du secteur, la Cave de Mazenay ne commercialisait pas la dénomination jusqu’à son récent changement de main (juin 2017). En revanche, nombre de domaines dispose également d’une activité négoce, ce qui favorise un dynamisme réel sur la promotion de la dénomination et les ventes de proximité. Parallèlement, une démarche oenotouristique appuyée sur la richesse du patrimoine local amplifie la promotion de la dénomination.

LES CHIFFRES

La superficie totale de la dénomination est de 224Ha or le volume de revendication ne dépasse guère les 10Ha. Cet état de fait est principalement dû au manque de valorisation de la dénomination dans le circuit traditionnel de distribution mais également au manque d’effet de gamme (dénomination en rouge uniquement).

A ce jour, une petite dizaine de domaines produit la totalité des vins revendiqués en Bourgogne Côtes du Couchois et six d’entre eux comptabilisent plus de 75% de la production avec une distribution quasi exclusive en bouteille. C’est à l’ensemble de ces acteurs qu’il convient d’offrir une réelle capacité de développement.

La superficie plantée en chardonnay est actuellement de 31,0330 ha avec une probabilité forte de revendication avec la dénomination dans la mesure où les domaines revendiquant la dénomination en rouge vendent déjà leurs vins blancs en bouteille… Il est indéniable que l’effet de gamme aura donc un impact multiplicateur sur les revendications et donc la visibilité de la dénomination. L’objectif à court et moyen terme est de dépasser les 50 ha de production afin de s’assurer une présence sur les marchés indispensable pour la notoriété de la dénomination.

La valorisation d’un Bourgogne blanc en vrac est variable du nord au sud de la Bourgogne et n’est pas très significatif au sein du Couchois, la plupart de la production étant vendue en bouteille. En revanche, si le prix de la bouteille vendue par les domaines produisant de l’AOC est comparé aux autres bouteilles de Bourgogne, le prix de vente est nettement supérieur avec une moyenne aux alentours de 8€.

L’obtention de la dénomination Côtes du Couchois en blanc aurait un deuxième facteur positif puisqu’elle permettrait de proposer une double gamme de vin et donc une revalorisation du blanc vendu sous l’AOC Bourgogne.

Cette démarche vient en cohérence avec le travail réalisé et porté par le Syndicat des Bourgognes sur la montée en gamme des Bourgognes notamment au travers de la revendication de dénominations géographiques locales. Chaque dénomination apporte son identité, son caractère, sa valorisation sans porter préjudice en terme de concurrence aux autres dénominations.

LE PROJET

Tous unis pour les blancs

LA MOTIVATION

L’ensemble des acteurs du Bourgogne Côtes du Couchois porte cette demande d’élargissement de la reconnaissance de la dénomination aux vins blancs. Comme nous l’avons vu précédemment, il y a une nécessité pour les opérateurs d’avoir une gamme plus large et il y a une nécessité pour la dénomination d’avoir une plus grande visibilité pour exister. La demande répond à ces nécessités.
Elle s’appuie en outre sur les études pédologiques pour démontrer que les sols du Couchois sont particulièrement adaptés à la production de blanc tout en leur apportant des caractères particuliers.

L’ENVIRONNEMENT

L’étude des sols menée par la société Sigale entre 2015 et 2016 fait ressortir de manière indéniable le positionnement des Côtes du Couchois sur un sol de type argilo-marneux (argiles versicolores) datant du trias et donc très différents des sols constitutifs des côtes avoisinantes.

L’une des particularités notoires des argiles versicolores est justement d’être considérée comme d’excellentes terres à blanc.

Avec près de 400 points de carottage et plus d’une dizaine de fosses (photo ci-dessus), le travail de la société Sigale a permis la réalisation d’une carte des Côtes du Couchois d’une grande précision et d’une analyse détaillée des sols (voir pages suivantes).

LA CARACTERISATION

Pour autant, le sol n’a d’intérêt que s’il procure une réelle identité au vin. Le Bourgogne blanc des Côtes du Couchois dispose bien de cette identité qui est d’ailleurs démontrée dans l’étude menée récemment par le BIVB : « Caractérisation des Bourgognes avec domination géographique ».
Voici ce qui est inscrit pour les blancs du Couchois :

Les blancs, actuellement en AOC BOURGOGNE en attente d’obtention de la dénomination BOURGOGNE COTES DU COUCHOIS
Les vins blancs affichent une robe assez fluide de couleur or jaune pâle avec des reflets jaune vert argenté. Au nez le vin évoque des notes de fleurs d’aubépine, de citron, de poire, de pêche blanche, avec des nuances de rose, de fleurs d’acacia, de réglisse, de poivre, avec parfois des senteurs de sous-bois, de bourgeon de cassis et de mangue. Le vin s’exprime différemment au palais selon l’origine calcaire ou argileuse des terroirs. Les sols calcaires leurs confèrent une attaque souple suivie d’un fruité frais et juteux, bien élancé vers une finale tendue, saline et citronnée. Les vins issus de vignes sur les argiles montrent une attaque souple évoluant vers un milieu de bouche consistant et étayé par des nuances de fruits à chair blanche rehaussées d’une agréable pointe de fraîcheur. La finale se montre fondante en arrière-bouche et laisse la persistance aromatique s’exprimer plus longuement.

LES CONSEILS DU SOMMELIER
Blanc actuellement en AOC BOURGOGNE en attente d’obtention de la dénomination COTES DU COUCHOIS : les vins frais sur les agrumes sauront égayer les crustacés et les poissons grillés ou cuits à la vapeur. Les vins plus amples et riches appelleront les poissons en sauce, les volailles blanches, la blanquette de veau et les fromages à pâte pressée ou crémeux comme un jeune Comté, un Cîteaux, un reblochon ou un Saint Félicien.

Température de service : 9 à 11 °C.

L’INTERET ECONOMIQUE

Sans l’aide des grands négoces et en absence de gamme, la promotion de la dénomination s’avère extrêmement ardue puisqu’en dehors de nécessiter un investissement promotionnel et donc un coût, la production en elle-même de part les conditions de production plus restrictives est pénalisante pour peu que l’on recherche la qualité.

Il est donc indispensable de pouvoir segmenter la production avec des produits d’appel, des produits intermédiaires et des cuvées plus qualitatives et donc mieux valorisées. Or cette segmentation n’est pas possible sur les vins blancs, ce qui a incontestablement un impact négatif sur la profitabilité des domaines.

Le potentiel n’est certes pas énorme dans un premier temps mais il faut prendre en compte un élément marquant de ces dix dernières années qui est l’importante réduction du nombre de domaines touchant principalement ceux qui n’ont pas su transformer leur modèle économique. La production des plus importants domaines ne dépasse guère quelques dizaines de milliers de bouteilles mais la croissance est soutenue et le point de départ relativement récent (obtention de la dénomination en rouge en 2000).

Il est plus que certain que l’effet de gamme combiné aux récents changements dans les circuits de négoce de la dénomination et à la volonté de promotion d’une très large majorité des producteurs va permettre un accroissement visible des revendications et que cet accroissement sera d’autant plus rapide et visible avec la reconnaissance de l’AOC Bourgogne Côtes du Couchois Blanc.

LE PROJET DE CAHIER DES CHARGES MOFIFIÉ

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